jeudi 17 mars 2011

Un don pour l'acceptabilité sociale

On apprend ce matin (bulletin de nouvelles de Radio-Canada à la radio, 8 h 00, reportage de Liliane Roy) que dans trois régions du Québec, des compagnies exploitant des puits de gaz de schiste ont fait des dons aux municipalités dans lesquelles elles se retrouvent. Exemple? 5000$ pour un parc, 20 000$ pour refaire le toit de l’église, 1000$ pour une bibliothèque… l’argent est le bienvenu pour ces petites municipalités, mais n’est-ce pas un problème éthique d’accepter ces dons?

Le don en soi est une question éthique intéressante. Un don anonyme ne cause jamais de problème, mais aussitôt qu’il y une compagnie qui donne, on a tendance à se poser plusieurs questions. Quand REMAX donne à Opération Enfants Soleil, elle le fait probablement parce qu’elle croit en la cause, mais REMAX sait très bien que pour l’image, c’est excellent.

On se retrouve donc avec une compagnie qui exploite les gaz de schiste, Talisman, qui donne dans la communauté dans laquelle elle se retrouve. René Villemure, spécialiste en éthique, répète que sans lever le drapeau rouge, il faut peut-être lever le drapeau jaune. Il pose une question intéressante en se demandant quel aurait été le montant du don si la compagnie n’avait pas exploité du gaz de schiste. Ma réponse est la suivante : Il est rare de voir des compagnies s’impliquer en dehors de son milieu. La philanthropie n’est pas la qualité principale des compagnies. Le contraire aurait été frustrant. Je vois mal Talisman faire des dons à un village où il n’exploite pas les gaz de schiste au détriment de celui où la compagnie est implantée.

Par contre, la compagnie avoue avoir fait ces dons parce que cela fait partie de sa stratégie pour améliorer l’acceptabilité sociale de ces projets. Donc, pour Talisman, pour faire accepter la communauté qu’on exploite les gaz de schiste, on a qu’à faire des dons. Sans être des pots de vin, n’est-ce pas l’achat du silence de la communauté? S’il y a un problème dans les années futures, est-ce que les gens de la municipalité ne se retrouvent pas les mains liées à la compagnie? Voilà des questions éthiques où la ligne est très mince entre une bonne intention et la volonté de faire changer son image.

1 commentaire:

Emilie Goulet a dit…

Je ne crois pas que la municipalité devrait se sentir liée à Talisman pour avoir accepté le don. Ce fameux don est une stratégie de relations publiques intelligente de la part de Talisman mais ne lui garantit en rien le support de la population en faveur des gaz de schiste, ni de la municipalité. Un don signifie donner sans attendre en retour, donc Talisman ne pourrait rien exiger de la municipalité parce qu'il leur a donné de l'argent volontairement. Même chose pour les citoyens de ces municipalités, qui ont toujours la liberté de prendre position pour ou contre les gaz de schistes et ce, même si c'est à Talisman qu'ils doivent leur nouvelle bibliothèque... Si Talisman voulait autre chose qu'un capitale de sympathie de la part des citoyens, il aurait dû trouver une autre stratégie de communication.
Mais je trouve que l'association de compagnies à des causes sociales est un bon sujet d'éthique... À chaque fois que je vois la publicité de la margarine Becel qui supporte la cause des maladies du coeur dues au cholestérol. C'est pourtant son produit qui peut créer ces maladies et au lieu de cesser sa production, il veut l'augmenter en montrant aux gens qu'il est un bon citoyen et qui se préoccupe de la société et de leur santé. J'attends avec impatience le moment où Mc Donald's manifestera contre la malbouffe!