samedi 21 septembre 2013

Odieuse la Charte des valeurs québécoises?



Avant que les médias ne réduisent la question de la Charte des valeurs québécoises à une affaire d’intolérance et de xénophobie, osons (encore!) parler de ce projet.
  
L’aspect le plus controversé du projet porte sur le port de signes religieux dans la fonction publique. Pour une raison qui m’échappe, certaines personnes considèrent cette demande réductrice et xénophobe. Pourtant, il n’est pas question d’empêcher de croire, ni de pratiquer sa religion : il est seulement question que les agents de l’État affichent une neutralité religieuse. C’est, selon moi, une demande parfaitement légitime dans une société qui devient de plus en plus multiconfessionnelle. En fait, cette demande est à mes yeux aussi légitime que le code vestimentaire qu’impose la fonction publique à ses employés. Pour ceux qui ne le savent pas, ce code assujettit les employés à se vêtir de façon neutre, c’est-à-dire, avec des vêtements qui ne pourraient choquer personne (sans dessin, sans marque, etc.). Après tout, la fonction publique, c’est un emploi, pas un terrain de jeu.

Cependant, ce qui me tracasse avec ce projet, c’est que la rationalité de son objectif se bute à sa mauvaise construction. L’ennui, c’est que la Charte distingue deux sortes de Québécois : ceux d’origines et les autres. Elle ne prend pas en considération que, malgré nos différences, nous sommes un seul et unique peuple. C’est ce qui la rend, à mes yeux, immorale. Je crois que pour établir un équilibre, il faudrait que la Charte soit composée de règles claires et universelles. Bref, des règles qui seraient valables pour toutes les religions, quelle qu’elle soit. D’ailleurs, le Québec serait probablement plus accueillant envers une charte qui mettrait tous les citoyens sur un pied d’égalité.

Il est plus qu’évident que le projet de la Charte des valeurs québécoises comporte de nombreux défauts. Le projet de Bernard Drainville a sans aucun doute besoin de correctifs. Malgré tout, je persiste à croire que cette Charte n’est pas odieuse, mais simplement mal construite. Et vous, qu’en pensez-vous?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que la Charte des valeurs québécoises est essentielle et qu’elle est assez bien construite, même s’il y aura toujours place à l’amélioration.

Personnellement, il m’arrive de plus en plus souvent de ne pas me sentir chez moi dans ma propre ville. Je crois que notre héritage est très riche et qu’il faut le préserver. Il faut savoir ne pas se perdre à travers le multiculturalisme.

Je crois que les femmes québécoises ont fait trop de chemin pour en laisser d’autres revenir en arrière. Nul besoin de réfléchir bien longtemps pour penser aux moyens de contraceptions, à la rigidité de l’Église face à nos mères et nos grands-mères (qui étaient rejetées de l’Église si elles n’avaient pas d’enfants, par exemple), à l’égalité salariale (encore déficiente aujourd’hui)… Tant de travail a été accompli par ces pionnières que je trouve moral et nécessaire d’éliminer les signes religieux dans la fonction publique. Même si l’histoire du Québec a été marquée par la religion catholique, je crois que les signes ostentatoires doivent être éliminés.

J’aimerais rappeler quelques faits historiques, pas si loin derrière nous :
Adoption de la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée : 1964
Décriminalisation de la contraception et de l’homosexualité : 1969
Reconnaissance de l’égalité entre conjoints : 1981
(source : www.nosvaleurs.gouv.qc.ca)

Que vous soyez catholique, musulman ou bouddhiste, cela ne change rien. Nous, Québécois et Québécois, nous nous sommes battus pour la laïcité et l’égalité homme femme. Je me demande si les immigrants connaissent assez bien notre histoire pour comprendre pourquoi cette Charte des valeurs québécoises est si importante.

Lorsque je voyage, je respecte les traditions et les coutumes du pays où je me trouve. J’en demande donc autant en retour de la part de ceux et celles qui désirent intégrer notre magnifique société.

Unknown a dit…

Je suis du même avis que Laurie et Éli.
Certaines réactions de journalistes habituellement posés sont exagérées, voire de mauvaise foi.
Xénophobe ? Raciste ? Vraiment ?

La Charte n'est pas là pour laïciser le Québec au grand complet. La Charte est là pour laïciser la fonction publique.

Qu'une personne soit catholique, musulmane ou juive et qu'elle décide de s'afficher comme tel en public est tout à fait valable.
Cependant, quand cette même personne travaille dans la fonction publique, elle est l'image du gouvernement.

Notre gouvernement n'est plus affilié à l'Église comme il l'a été (Dieu merci !... sans vouloir fait de jeu de mots). Le gouvernement du Québec est laïque et prend ses décisions selon la démocratie, et non selon les valeurs de l'Église. Il est donc logique que les représentants du gouvernement (les fonctionnaires en fonction) soient eux aussi laïques.

Si une femme porte le hijab dans la vie de tous les jours, elle pourra continuer à faire de même. Cependant, quand elle travaille, la Charte l'oblige à être habillée dans ce qu'il y a de plus neutre.

Comme le dit Éli Jean dans son texte, cette demande de laïcité de l'habillement en milieu de travail est comparable aux codes vestimentaires qu'une multitude d'entreprises ont en fonction.

Le seul endroit où je considère que le gouvernement a fait un faux pas est du côté du crucifix à l'Assemblée nationale. Je suis tout à fait d'accord avec l'argument du côté historique de ce symbole. Longtemps, le Québec a marché main dans la main avec l'Église catholique. Cependant, je trouve absurde que la Charte demande aux pratiquants de toute religion d'enlever leurs signes religieux, pendant que le gouvernement laisse le crucifix bien en vu dans le Salon bleu.

Le gouvernement savait que cette Charte allait causer certains émois alors Marois et son équipe auraient pu éviter certains coups en laissant savoir que le crucifix allait être retiré.

C'est le seul petit sacrifice que le gouvernement avait à faire pour limiter les réactions négatives...