vendredi 5 octobre 2012

Noir sur blanc : où se trouve la limite ?



Le 25 janvier 2011 a eu lieu la sortie du documentaire polémique Noir sur blanc. Dans celui-ci, on aperçoit le journaliste Allemand Günter Wallraff, qui décide d’expérimenter le racisme dans son quotidien afin de se faire une idée réelle de l’accueil fait aux minorités de couleur dans son propre pays et ainsi, dénoncer le racisme présent dans la société allemande.

Pour se faire, le journaliste s’est déguisé dans la peau d’un Somalien émigré en Allemagne pendant un an, peinturé de noir, perruque crépue et caméra cachée, sous le nom de Kwami Ogonno. Humiliations, insultes, violence physique et verbale ne sont que quelques événements qui ont fait partie de la vie de Günter Wallraff
a.k.a Kwami Ogonno pendant un an. Les résultats de cette expérience sont ahurissants, voir même choquants. Tout devient compliqué : louer un appartement, trouver un travail, avoir des relations personnelles et interpersonnelles, prendre l’autobus, marcher dans la rue...
Les conclusions que le racisme dans cette société dite multiculturelle est toujours présent sont évidentes.

À la suite de la diffusion de ce choquant documentaire, les opinions divergent. Certains prônent le courage du journaliste d’avoir mis sa vie en péril afin de mettre en lumière des phénomènes/problèmes sociaux, alors que d’autres le dénoncent , comme le groupe d’édition Axel Springer AG, qui le poursuive de l'utilisation d’une fausse identité pour obtenir illégalement de l’information. Dans cette poursuite, la Cour a finalement jugé que :

" L’importance de l'information au regard de la nécessité d'éclairer le public et de contribuer à la formation de l'opinion publique l'emporte clairement sur les inconvénients qu'impliquent la violation du droit pour la personne concernée et l'application (réelle) de la législation. "

La Cour acquitte Günter Wallraff, en affirmant que son geste a fait apparaître plusieurs phénomènes sociaux importants et a fait avancer la vision et le niveau de connaissances sur ce sujet.

Jusqu’où les journalistes peuvent-ils aller afin d’obtenir de l’information ? Et où se trouve la limite éthique d’un geste comme celui-ci ? L’information obtenue par le journaliste allemand n’aurait jamais été la même si les caméras avaient été à découvert et l’information aurait donc été biaisée. Selon vous, Günter Wallraff aurait-il dû être jugé coupable, ou vous approuvez la décision de la Cour de l’avoir acquitté ?



Pour plus d'information sur les limites à l'utilisation des données personnelles :  http://www.afjv.com/news/477_donnees-personnelles.htm

3 commentaires:

Unknown a dit…

Salut,
Pour répondre à ta question, je suis d’avis que ce journaliste n’avait aucune raison d’être jugé coupable. Heureusement qu’il a été acquitté! Il n’avait pas le choix pour obtenir des résultats réels et non des réactions biaisées, de se déguiser ainsi. Si les gens qui se sont fait prendre en train de manquer de respect à cet homme, parce qu’ils le croyaient noir, se sentent piéger, ils n’avaient qu’à ne pas être racistes. Ce n’est pas parce qu’ils ont honte de leur réaction, maintenant qu’ils savent qu’ils ont été filmés, que c’est une raison pour jeter le blâme sur le journaliste et l’accuser. La faute ne revient qu’à ceux qui encore aujourd’hui ont des comportements racistes et non sur ceux qui tentent de changer les choses et de faire évoluer la société en lui montrant ses travers. Alors pour moi, il n’y a aucun débat possible. Je suis radicale sur ma position. Cela importe peu d’avoir mis dans l’embarras ceux qui ont été racistes devant la caméra cachée. À bien y penser, s’ils n’avaient pas eu de tels comportements, ils ne se retrouveraient simplement pas dans cette situation aujourd’hui.

Unknown a dit…

Bonjour,
Je suis d'accord pour dire que l'utilisation de caméra cachée n'est pas un motif pour poursuivre quelqu'un. De nos jours, cette pratique journalistique est très utilisée et c'est un bon moyen pour obtenir des informations qu'en temps normal les gens de dévoilerait pas.

Toutefois je trouve que le film veut essayer de montrer un racisme qui ne l'est pas. L'homme cherche des situation où il dérange les gens, où il cherche les ennuis. Si vous êtes assis dans un bar avec des amis et qu'un inconnu vient s'assoir avec vous, vous serez surpris et n'aimerez probablement pas ça. Si en plus il commence à draguer le personne qui est assise à côté de vous cela commencera probablement à vous déranger. Peu importe qu'il soit blanc, noir, jaune ou rouge. Ce n'est pas la couleur de sa peau qui vous dérange mais ces actions.

C'est ce qui se passe dans la dernière scène du documentaire. J'avoue ne pas avoir vu tout le documentaire peut-être y a-t-il des exemples plus criant de racisme. De plus, le choix des images revient toujours à l'auteur et il n'y en aucune qui montre des actions positives envers lui. Si il s'est promener pendant un an dans son déguisement, statistiquement, il est difficile de croire qu'il n'a été témoin d'aucune action positive à son égard.

Bref vouloir créer des situations pour piéger les gens et les accuser ensuite de leurs gestes n'est pas très éthique non plus.

Unknown a dit…

Mon opinion s’oriente davantage vers celle de Catherine Létourneau. Je ne crois pas que le journaliste méritait d’être condamné pour avoir employé une fausse identité. À mon avis, ce type d’enquête ne doit pas devenir usuelle. En effet, j’estime qu’un journaliste doit respecter la vie privée des citoyens, sauf si celle-ci a de l’incidence sur la vie publique.

Dans le cas de Günter Wallraff, la Cour a démontré que « son geste a fait apparaître plusieurs phénomènes sociaux importants et a fait avancer la vision et le niveau de connaissances sur ce sujet ». Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Je pense notamment aux derniers reportages d’Isabelle Verge, journaliste au Journal de Montréal. Cette dernière a tenté de démontrer l’inaction des serveurs alors que leurs clients, dépassant la limite d’alcool permise, quittent le bar avec les clés en main. Dans cette situation, j’estime que les valeurs qui justifient l’usage de caméras cachées et de fausses identités ne sont pas justifiables. Il s’agit plutôt d’une mise en scène de l’actualité ayant pour but le sensationnalisme.