« La
main de la personne qui donne est toujours au-dessus de la main de la personne
qui reçoit » (Leclercq, 2012 : Mémoire sociale).
Le don et le contre-don sont des formes de
communication, qui font partie de tous nos échanges sociaux. La vie matérielle
et morale est imprégnée d’échanges. En effet, l’être humain est
fondamentalement marchand. Il échange des objets, des services, des faveurs ou
autres de façon permanente. Ce ne sont pas nécessairement des objets qui ont
une valeur marchande, mais ils ont une valeur sociale. D’ailleurs, les échanges
sont généralement faits dans l’optique de développer un réseau social. En
d’autres mots, tout ne fonctionne pas avec l’argent et l’économie, mais si on
veut être accepté socialement, bien intégré, aimé des autres ou même gagner un
certain prestige on se doit de donner. Avez-vous déjà dit : « il n’y
a pas de quoi », « ça me fait plaisir »? Je suis certaine que
oui.
Dans son Essai
sur le don, Marcel Mauss démontre que dans différentes sociétés le don
(l’action d’offrir) et le contre-don (le fait de recevoir) sont obligatoires et
s’opèrent selon certaines règles préalablement établies. Ces échanges sont composés
de trois principes : l’obligation de donner, l’obligation de recevoir et
l’obligation de donner en retour. (Mauss, 1924)
Devant ce constat, il me
semble évident que cette réalité est omniprésente dans notre société. Indépendamment
d’un geste de générosité, les personnes qui reçoivent se sentent inévitablement
redevables et les personnes qui donnent sont dans l’attende de quelque chose… Les
gens se souviennent, le don et le contre-don sont, selon l’ampleur de l’échange,
liés à la mémoire. Dans ce contexte, je me demande si le fait de recevoir ou de
donner un cadeau est sain. En effet, un don est ambigu. Donner quelque chose
c’est aussi prendre un certain pouvoir sur le récepteur. La personne qui donne
n’attend pas nécessairement un don matériel, mais quelque chose qui a une
valeur égale ou presque. Vis-à-vis un don, nous avons une obligation. En
acceptant un cadeau, on donne un peu de ce que l’on est, parce que recevoir
limite la liberté.
« Rien
n’est plus cher que ce qui nous a été offert » (Leclercq, 2012 :
Mémoire sociale). Qu’en pensez-vous?
Marie-Frédérique
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Mauss, Marcel. 1924. « Essai dur
le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques. ». l'Année Sociologique,
seconde série, 1923-1924.
Leclercq,
Étienne. Session hiver 2012. Cours
Mémoire sociale. IHECS, Belgique.
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