Projet Laramie
Il y a quelque
temps, je suis allée voir la pièce de théâtre Projet Laramie, présentée au
Trident tout le mois de novembre. La
pièce présente l’histoire de Matthew Shepart, un étudiant de 21 ans du Wyoming qui a été
assassiné violemment en 1998 en raison de son homosexualité. Ce meurtre a non
seulement bouleversé la petite communauté de Laramie, mais aussi toute la
population des États-Unis. Les médias se sont acharnés pendant une longue
période sur la petite ville, mais surtout sur la cause du meurtre:
l’homophobie. Ce meurtre a été une réelle prise de conscience pour la
population américaine, et a même conduit à l’adoption d’une loi contre les
crimes de haine fondés sur l'orientation sexuelle, qui a été déposée le 20 mars
2007, au nom de Matthew Shepard.
En 1998, trois
semaines après le meurtre du jeune Shepard, les membres d’une compagnie de théâtre de New York se sont
rendu à Laramie, pour effectuer plus de 200 entrevues avec des personnes de
la ville dans le but de monter une pièce de théâtre qui raconterait l’histoire
sous un autre angle; celui des citoyens de la ville, et leur prise de
conscience sur une mentalité à changer. Celle-ci a été ébranlée par ce meurtre
au plus haut point. Elle qui était auparavant considérée comme une petite ville
tranquille où il faisait bon vivre est soudainement devenue à l’image de son
meurtre; violente et homophobe.
Tout au long de la
pièce, nous comprenons à quel point un événement comme celui-là peut ébranler
la population d’une petite ville. Les gens avaient une mentalité de vivre et
laissez vivre. La plupart des entrevues montrent à quel point les gens avaient,
contrairement à ce qu’ils croyaient, une attitude très défavorable envers
l’homosexualité. Ils disaient tous avoir l’attitude de vivre et laissez vivre. Mais
les entrevues prouvaient nettement que l’homosexualité les mettait, en
majorité, mal à l’aise et qu’ils ne l’acceptaient pas.
Cette pièce m’a bouleversée.
Pour la première fois de ma vie, une pièce de théâtre m’a fait pleurer.
Dans ma naïveté, je
croyais que ce genre de chose n’arrivait plus. Je n’étais même pas au courant
de l’histoire de Matthew Shepard avant de voir la pièce. La violence, mais surtout
la raison du meurtre m’a bouleversée. Je savais que l’homosexualité était
encore un enjeu délicat, surtout dans certaines régions du monde où ce n’est
toujours pas accepté, mais je ne pensais pas que c’était à ce point. J’ai
grandi dans un univers très ouvert sur l’homosexualité. Mes parents en ont
toujours parlé ouvertement, et j’ai plusieurs amis homosexuels. La pièce m’a,
d’une certaine façon, ouvert les yeux sur un problème qui est encore réel en
2012; l’homophobie.
Je considère qu’on
ne devrait même pas se demander si l’homosexualité est acceptable ou pas. Ce
n’est pas une question, car l’homosexualité est un état d’être, au même titre qu’être
hétérosexuel. Ce n’est pas un choix d’être homosexuel, au même titre que
personne ne choisit d’être hétérosexuel.
Croyez-vous qu’un
jour, on cessera de se poser des
questions sur l’homosexualité? Croyez-vous qu’un jour être homosexuel sera
enfin considéré normal? Je préfère rester optimiste et croire en notre société,
croire que notre génération saura éliminer les tabous, et de cette façon, faire
évoluer notre société pour le mieux.
Sources:
http://www.letrident.com/index.php/alaffiche/le-projet-laramie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Matthew_Shepard
1 commentaire:
J’ai également vu cette pièce et je l’ai trouvé très intéressante, non seulement au point de vue du sujet, mais aussi par la manière dont la pièce a été créée. Cette pièce est le fruit d’une recherche journalistique incroyable de la part de cette troupe de théâtre. Tu es assise dans ton siège et tu rends compte que les paroles qui sont prononcées devant toi ont toutes déjà été prononcées et pensées pour vrai. C’est ce qui est le plus marquant selon moi. Je suis d’accord avec toi lorsque tu dis que les gens ne se disaient pas homophobes, qu’ils prônaient le vivre et laisser vivre, mais que la plupart de leurs paroles présentaient le contraire.
Il serait ardu de dire si un jour l’homosexualité sera acceptée au même titre que l’hétérosexualité qui est, pour la plupart des gens, la « normalité ». Quand on voit en France les grandes manifestations contre la légalisation du mariage entre deux femmes ou entre deux hommes prétextant que le couple « normal » pour élever des enfants est un homme et une femme, c’est démoralisant, on a l’impression de faire un pas en arrière.
Je crois que tout vient de la manière dont nous avons été élevés. Une personne ne devient pas homosexuelle parce qu’elle a côtoyé dans son enfance des personnes homosexuelles ou parce que ses parents lui en ont parlé ouvertement. Matthew Shepard vivait dans le Wyoming, il n’a pas été élevé dans un endroit où l’on acceptait et où l’on parlait ouvertement d’homosexualité, pourtant c’était en lui. Plus de travail de sensibilisation devrait être fait auprès des enfants et surtout auprès des adultes! Pourquoi se traiter de « tapette » péjorativement? Cela n’a pas lieu d’être et contribue au phénomène de l’homophobie.
Ce soir là, le soir de son meurtre, Matthew Shepard est mort pour avoir été lui-même, pour avoir eu une orientation sexuelle différente. Ce jour-là, Matthew Shepard a réveillé une population endormie et continue d’éveiller les gens que la différence peut être la norme aussi.
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