Il était une fois un politicien et son spin
doctor qui avaient une technique plutôt efficace pour convaincre les gens
d’adhérer aux idées proposées par le politicien. Nos deux amis avaient compris
qu’il était beaucoup plus facile d’influencer quelqu’un par les émotions que
par la raison. Ils préparaient donc les discours publics comme s’ils écrivaient
une histoire. C’est comme ça qu’est peut-être née la technique du storytelling.
La technique a pour effet de capter l’intérêt
des électeurs, de réduire leur cynisme et de leur permettre de s’ouvrir à la
persuasion. Trois effets qui sont, en soi, des avantages. Mais elle s’avère
finalement tellement efficace que beaucoup d’électeurs moins bien informés
prennent leurs décisions sans même porter attention aux arguments raisonnés.
Les politiciens pourraient leur raconter n’importe quelles histoires sans même
qu’elles ne comportent d’éléments raisonnés et les émotions arriveront elles
seules à les convaincre.
Persuader sans même proposer d’arguments, ce
n’est pas un peu dangereux pour la démocratie? Rappelons que tous les citoyens,
peu importe qu’ils soient assez dupes pour tomber dans le piège du storytelling
ou assez brillants pour obtenir un doctorat en communication politique, dispose
tous, au final, du même poids démocratique.
Est-ce moral que de profiter de ce genre d’influence?
Considérant cela, est-ce que tous les bulletins de vote ont réellement la même
valeur?
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de votes.
Source : SALMON, Christian, Storytelling : la machine à fabriquer des
histoires et à formater les esprits
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