J’ai commencé à
suivre cette année l’émission de Desperate
Housewives. Je me suis retrouvée dans un univers de femmes au foyer dans
une petite banlieue. Loin de vivre une vie tranquille et paisible, ces jeunes
femmes se retrouvent dans plusieurs tourmentes. Pour ceux ne connaissant pas
les émissions, vous imaginez sûrement les péripéties principales : des
mariages, des enfants et des divorces. Toutefois, étonnamment, il y a beaucoup
d’histoire de meurtre dans cette série. En fait, la première émission commence
avec un suicide. À la saison que je suis rendue, les personnages principaux
couvrent l’homicide d’un Monsieur Sanchez commis par le mari de Gabi. Je me
suis questionnée sur l’éthique de ce cas. La morale et la loi obligent les
femmes et le mari à se dénoncer. Pourtant, aucun téléspectateur ne veut voir
une Bree, une Gabi, une Lanette ou une Suzanne en prison. Au fil des saisons,
nous nous sommes attachés. Est-ce qu’elles devraient pour autant avoir le droit
de commettre un meurtre? D’autres éléments entrent dans la balance de la
justice. Monsieur Sanchez vivait sous un nom différent à l’époque où il était
le beau père à Gabi. À cette même époque, il arrivait souvent que ce« faux
père » se glisse dans le lit de Gabi alors qu’elle était mineure. On
découvre que Monsieur Sanchez volait l’innocence d’une autre jeune fille après
avoir changé de nom et s’être remarié. Les femmes de banlieue ont toutes des
enfants et des maris. Si ces personnages vont en prison, plusieurs vies vont en
être chamboulées et peut-être même détruites. Face à ce problème éthique, où un
homme au passé sombre est tué par des femmes innocentes, je vous pose la
question : est-ce qu’elles ont le droit de commettre un meurtre?
1 commentaire:
Pour répondre à ta question Katherine, ces femmes de la banlieue de Wisteria Lane n’ont pas plus le « droit » de commettre des meurtres. (Évidemment !) Toutefois, il ne faut pas oublier que Desperate Housewives est une série dramatique qui a connue le franc succès qu’elle connaît aujourd’hui pour tout l’intérêt qu’elle suscite. La piste de réflexion sur laquelle j’aimerais plutôt te conduire, c’est que oui, peut-être que cette série ne met pas de l’avant de très bons idéaux, mais que le drame a bel et bien sa raison d’être dans celle-ci! Laisse-moi m’expliquer…
Si tu as choisi de parler de cette série aujourd’hui, c’est sans doute, car tout comme moi, tu es le genre de femme qui s’est laissé prendre par le fabuleux jeu de ces actrices. Fortunées, manipulatrices, séduisantes et même…complices d’un meurtre, ces femmes reflètent tout de même à leur manière, un modèle auquel nous aimerions aspirer. Étrange non ? Pourtant, c’est vraiment cette relation intérieure que j’entretiens avec ces actrices ! Tu me diras, qu’en effet, Gabrielle Solis est un personnage très enviable pour sa grande beauté et sa maison à la galerie de rêve…mais qui voudrait à la fois avoir sur la conscience, le fait que son mari a tué l’homme qui l’a violé durant son enfance ? (Monsieur Sanchez comme tu le mentionnais…)
Et bien, les besoins auxquels répondent ce type d’émissions et les valeurs socioculturelles qu’elles véhiculent ne sont pas le fruit du hasard ! J’ai fait mes petites recherches…
Pour les femmes, les dramatiques comblent une foule de besoins humains qui font libérer de leur inconscient, une gamme d’émotions. L’auteur Janice Radway parle entre autres d’un fantasme de réciprocité affective vécue chez cet auditoire. Elle parle aussi d’une « sorte de régression vers un stade antérieur de leur propre développement affectif » (Martin et Proulx, 2010 : 129) et de fantasmes féminins ayant besoin d’être assouvis. Leur besoin d’évasion étant très fort, elles s’attachent facilement aux personnages et aux intrigues dramatiques. Les auteurs d’Une télévision mise aux enchères vont aussi dans cette même direction : « La consommation de fiction viendrait combler d’autres besoins, d’autres désirs enfouis (d’amour, de tendresse, de sexualité, de violence, de mort), diversifiés selon les individus et les publics. » (Martin et Proulx, 2010 : 128) Ainsi, les dramatiques telles que Desperate Housewives ou autres répondent à une foule de besoins chez l’humain...et surtout chez nous, les femmes! Finalement, non seulement ce genre de séries nous divertit, mais il nous permet l’assouvissement de besoins psychologiques beaucoup plus complexes!
Bibliographie :
Martin, Michèle et Proulx, Serge. 2010. « Une télévision mise aux enchères: programmations, programmes, publics ». Télé-université, Univesité du Québec à Montréal, Québec (Québec), 279 p.
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