mercredi 15 décembre 2010

Billet du journaliste Yanick Villedieu : Les universités, la recherche, les gros sous

Billet de blogue:

Les universités manquent-elles d'argent? Ou dépensent-elles mal celui qu'elles ont déjà? Quelques jours après la Rencontre des partenaires en éducation, convoquée à Québec par les ministres Line Beauchamp et Raymond Bachand, nous nous sommes posé ces questions, notamment sous l'angle du financement de la recherche.
Cela s'est fait au cours d'une table ronde qui réunissait Guy Breton, recteur de l'Université de Montréal, Yves Gingras, professeur à l'UQAM, directeur scientifique de l'Observatoire des sciences et des technologies et chroniqueur aux Années lumière, et Gaëtan Lafrance, un professeur à l'INRS qui vient de publier un livre intitulé Quel avenir pour la recherche? (Éditions MultiMondes). Cette table ronde sera diffusée aux Années lumière le dimanche 12 décembre.

Nous avons donc débattu de trois questions, reliées les unes aux autres, pendant cette table ronde.
 
 
La recherche dans les universités est-elle sous-financée?

La recherche, c'est curieux, coûte cher aux universités. Parce que si les subventions et le coût des infrastructures sont payés par les gouvernements, surtout le fédéral, les frais indirects ne le sont pas complètement. « Plus une université fait de la recherche, plus elle s'endette », dit le recteur de l'Université de Montréal.

Ottawa devrait-il se faire plus généreux? Les entreprises devraient-elles investir plus qu'elles ne le font dans la recherche et la formation de leurs futurs employés? C'est à voir.

Les universités valorisent-elles trop la recherche?

De plus en plus, les universités n'en ont que pour la recherche. Quand elles engagent des professeurs, ce sont en fait des chercheurs qu'elles veulent recruter. Elles investissent beaucoup dans des laboratoires et des centres de recherche à la fine pointe. À un point tel qu'on peut avoir l'impression qu'elles ont oublié leur mission première : former des étudiants, y compris des étudiants de premier cycle.

Assiste-t-on à une dévalorisation de l'enseignement et une survalorisation de la recherche? Et si l'on augmente les droits de scolarité, essentiellement payés par les étudiants de premier cycle, ces derniers en auront-ils pour leur argent si les nouveaux fonds servent à financer la recherche plutôt que l'enseignement?

Les universités investissent-elles trop dans le béton?

Les universités ont la manie de construire. Et leurs nouvelles constructions sont souvent justifiées par les besoins de la recherche, des chercheurs, des grands laboratoires.

En moins de 10 ans, leurs dépenses d'immobilisation ont augmenté de 108 %, passant de 333 millions à 691 millions de dollars. Sans parler du fiasco de l'Îlot Voyageur de l'UQAM, on peut signaler l'expansion d'universités qui semblent se livrer, à coup de centaines de millions, à une guerre de territoire :  

  • l'Université de Sherbrooke s'est installée à Longueuil, à 146 km de chez elle et à deux stations de métro de l'UQAM;

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  • l'Université du Québec à Rimouski s'est installée à Lévis, à 290 km de chez elle et en face de l'Université Laval;

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  • l'Université de Montréal est à Laval;

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  • l'Université McGill est à Gatineau;

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  • et l'Université de Montréal veut développer un nouveau campus sur le site de la gare de triage d'Outremont...



  • Les universités ont-elles la folie des grandeurs? Et quelle est la conséquence du fait qu'elles financent de plus en plus leurs immobilisations à même leurs budgets de fonctionnement. En 1997, 26 % des immobilisations étaient financées par le budget de fonctionnement, que 45 % des immobilisations l'ont été en 2007?

    Alors, sous-financées, les universités? Ou mal financées? Et faut-il régler leurs problèmes en passant le chapeau auprès... des étudiants? À vous la parole : on est en plein dans un débat de société, dans un débat de citoyens.



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