samedi 21 septembre 2013

Héro ou criminel ?


 En lisant le texte « Les valeurs » de Florence Piron, plus précisément en m’arrêtant au passage où il est question des valeurs et de l’action, je me suis mise à réfléchir sur « le rapport superficiel que nous avons avec nos propres valeurs » (Piron, 2013 :1). L’auteure soulève un point très important quant aux dilemmes auxquels nous avons souvent à faire face et qui « prennent parfois la forme de conflits de valeurs » (Piron, 2013 : 1). L’exemple du Général Roméo Dallaire évoqué dans le texte m’a fait penser à une autre personnalité connue qui a suscité beaucoup de conflits de valeurs chez la population : le commandant Robert Piché.

Ce deuxième exemple est différent de celui du Général Dallaire puisque, du point de vue dont j’ai choisi de vous le présenter, il ne s’agit pas d’un conflit de valeurs face à lui-même et à ses propres décisions, mais plutôt d’un dilemme qui venait de la population face à ses actions. En d’autres mots, ce sont les gens qui étaient confrontés à un conflit de valeurs entre couronner cet homme en héro ou ne pas le faire à cause de son passé.

Pour bien comprendre les deux côtés de la médaille, il faut se rappeler que Robert Piché avait été arrêté en 1983 pour avoir transporté de la drogue par voie aérienne, ce qui lui a valu une sentence de quelques mois. En 2001, après déjà quelques années de service comme pilote pour Air Transat, il est proclamé héro et reconnu mondialement pour avoir réussi à sauver tous les passagers et l’équipage qui se trouvaient sur le vol 236 après une vingtaine de minutes de vol plané dû à une fuite de carburant.

Revenons donc au conflit de valeurs déchirant qui s’imposait : pardonner ses erreurs, passer l’éponge et l’accueillir en héro, ou se souvenir de son passé criminel et remettre son acte de bravoure en question ? La réponse se trouve essentiellement et exclusivement dans les valeurs personnelles de chaque individu. Il est vrai que la plupart ont choisi la première option, notamment dû au fait que le crime qu’il avait commis n’était pas « si grave que cela ».

Cependant, si une pareille histoire se répétait mais que le principal intéressé avait été accusé de meurtre ou de viol, par exemple, quelle serait la réaction des gens face à cela ? L’auraient-ils pardonné de la même façon ? L’auraient-ils tout de même accueilli en héro malgré son lourd passé ? Ces crimes sont beaucoup moins tolérés dans la société québécoise que celui dont a été accusé Piché. De mon côté, je présume que l’émoi aurait été d’une toute autre nature et que le scandale aurait fait plus de bruit. Bien que le geste aurait été tout aussi héroïque, je ne crois pas que j’aurais pu pardonner si vite à un meurtrier ou un agresseur. En fait, je ne crois pas que j’aurais pu pardonner du tout.

Mais puisque le débat ne s’arrête pas qu’à une seule opinion, je vous pose donc la question : et vous, qu’en pensez-vous ? Quelles valeurs vous animent quant à ce dilemme moral ?

2 commentaires:

Ludivine Caron a dit…

Dans un cas où un héros aurait commis un meurtre pour ensuite sauver tous les passagers d’un vol, il en revient a se poser la question suivante : combien de vie perdue valent le nombre sauver? Je vous comprends lorsque vous dites que vous ne seriez pas prête à pardonner. Mais, je pense qu’il est important de faire la nuance entre pardonner ses gestes antérieurs et être capable de considérer le geste présent comme héroïque. Comme vous, je ne pense pas être capable de pardonner le meurtre (s’il avait été hypothétiquement commis). Mais je suis capable de reconnaître la valeur du geste posé. Car après tout, l’humain est capable du meilleur comme du pire.

Unknown a dit…

À la suite de la lecture de ton billet, je dois avouer que l’exemple que tu apportes me fait grandement penser au concept de l’identité que nous avons abordé dans le cours d’éthique cette semaine.

En effet, nous sommes tous en quelque sorte un livre ouvert, c’est-à-dire que toutes les actions que nous faisons et que nous ne faisons pas permettent de construire notre identité. En construisant notre identité, nous démontrons une partie de nous à la société. Bref, nous ne pouvons cacher les mauvaises actions que nous avons faites, mais seulement tenter de les enfouir sous plusieurs bonnes actions. Dans le cas du commandant Piché, il est possible de dire que son geste est tellement bien, il est même héroïque, qu’il a fait oublier son passé pour un grand nombre de personnes. Toutefois, dans le cas d’un meurtrier, je crois que cette personne est mieux de faire beaucoup de gestes héroïques afin de bien enfouir cette tache qui compose son identité.

En conclusion, certains gestes sont plus faciles à effacer de la mémoire collective que d’autres.