mercredi 4 décembre 2013

Le proxénète en première page, le champion aux petites annonces

L’attention médiatique dont bénéficie Adonis Stevenson n’est pas exclusivement pour couvrir ses prouesses athlétiques ou son processus d’entraînement en prévision d’une défense de son titre le 30 novembre prochain : à quelques jours de son combat, son passé criminel refait surface sans gants blancs et les victimes s’expriment auprès de journalistes en quête de sensationnalisme.

Sorti moins d’une semaine avant le combat, un dossier complet sur le témoignage des victimes et une recension de l’historique de ses crimes fait première page. Très vite, l’histoire a pris le dessus sur la couverture de l’événement, et ce, à quelques jours de sa tenue. Le travail journalistique derrière cette démarche est plus que discutable : 17 ans après la tenue des crimes perpétrés, peut-on réellement considérer que la nouvelle est d’intérêt public? Assiste-t-on à une campagne de salissage orchestrée ou les victimes ont-elle réellement maintenant décidé qu’il était temps de briser le silence?

Peu importe les motivations derrière cette décision des bureaux éditoriaux (puisque plusieurs s’affairent à choisir et filtrer le contenu avant sa publication), il est impératif de se questionner sur les conséquences à long terme sur les relations avec les ex-détenus en réinsertion sociale et le public. En effet, un criminel condamné par un jury de ses pairs, ayant purgé sa peine et ayant déniché un moyen de changer ses habitudes de vie devrait recevoir un appui inconditionnel après avoir payé sa dette à la société.

Quel message envoie-t-on aux détenus en réel désir de changement? Sachant qu’une forte majorité de ceux-ci récidivent moins de deux ans après leur libération, ne devrait-on pas, sans approuver les actions regrettables posées par l’individu, se servir de son exemple pour prévenir la criminalité récidiviste, voire tuer l’embryon de la criminalité naissante? Les millions de dollars des contribuables dépensés dans le système carcéral s’en porteraient peut-être mieux, non?

3 commentaires:

Mélijade Rodrigue a dit…

Je ne ferai pas le procès de notre système judiciaire, mais je crois qu’il n’est pas approprié… L’argent et les biens matériels semblent plus précieux que la vie humaine selon les peines qui sont prononcées. C’est peut-être la petite fille en moi qui parle, mais jamais (oh non jamais!!) vous ne m’entendrez dire « pauvre petit ex-proxénète qui se fait rappeler ses crimes horribles ». Je comprends que c’est dans le passé, je comprends qu’il a payé sa dette, mais ce n’est pas comme s’il avait brulé un édifice qu’on a reconstruit, ce n’est pas comme s’il avait volé une voiture que des assurances avaient remplacée…! Il a détruit la vie de jeunes filles! Personnellement, j’aimerais mieux mourir que de vivre ce qu’il leur a fait endurer. Donc personnellement, je suis très heureuse qu’on lui « gâche la vie » en lui rappelant son passé, parce que ce qu’il fait ne sera jamais oublié par ses victimes! Je trouve ça très juste que ce crime le suive/le hante jusqu’à son dernier souffle, car ce sera le cas de ses victimes. Son crime est dans ma liste des crimes impardonnables, pardon de sonner méchante un peu, mais je souhaite profondément qu’il soit stigmatisé à vie par ce qu’il a fait. Je crois que la seule différence entre l’humain et l’animal est la conscience, quelqu’un qui n’en a pas ne mérite aucune compassion des autres, il n’est pas humain pour moi. Comment peut-on, en tant que société, pardonner un crime si horrible?

Unknown a dit…

Ce commentaire ne fera pas partie de mes commentaires notés, je serai donc brève, Mélijade je suis tout à fait d'accord avec toi et je vais dans la même lignée!! Sans compter que sa peine était ridicule et je ne comprends nullement l'argument que cela s'est produit il y a 15 ans. Est-ce que c'est supposé être moins grave pour cela? Il a beau avoir payé ses dettes à la société, on n'est pas obligé d'encourager ces comportements en le diffusant dans les médias et en l'aidant à gagner des millions. A-t-il envoyé de l'argent à ses victimes pour leur payer des psychologues? Comment vous pensez que ça fait comme effet de voir son agresseur à la télévision et être nommé "champion" Ça c'est rire en pleine face des victimes. Désolée, mais je suis contre le fait que cet homme regagne sa vie ainsi, et de toute façon il est champion de boxe, on s'entend tu qu'il démontre pas qu'il est moins violant en allant frapper sur des gens( qui au moins peuvent se défendre cette fois-ci)!!!En plus qu'il ose se dire victime de raciste? hahaha dude com On... Tu ne me fera pas pleurer espèce de déchet de la société.

Unknown a dit…

Je vois que ce sujet génère beaucoup de colère et c’est compréhensible. Par contre, ce que Guillaume avance dans son article est plutôt le drôle de «timming» que les médias ont choisi pour publier le passé trouble d’Adonis. Certes, Adonis Stevenson a un passé impardonnable, il a commis des crimes qui sont loin d’être banals.

Or, de voir qu’un individu qui se retrouve dans une situation aussi profondément décourageante et réussi comme il le fait aujourd’hui prouve sa force de caractère. Cet homme n’est pas né comme nous dans la «ouatte», il a connu une enfance très difficile et a été laissé à lui-même à plusieurs reprises. Rare sont ceux qui s’en sortent dans ce genre de situation : il habite dans un quartier bondé de «gangster» et de mauvaises influences. Je n’ai aucun doute qu’Adonis a été très influencer, et ce, surement pas par choix. Une personne qui vit dans la pauvreté cherche un moyen de s’en sortir et l’option la plus facile, pour beaucoup de jeunes qui ont peu de ressource dans un quartier comme celui où il a été élevé, est le crime. Par la suite, pour ce qu’il a fait subir aux femmes est incompréhensible et impardonnable. Je suis certain qu’il existe des PIMP qui respectent les femmes qui travaillent pour eux (on s’entend le terme respect ici veut dire ne pas les battent et leur offrir un bon salaire, ce qu’Adonis et ses partenaires n’ont pas fait).

Donc, si on revient aux médias qui ont sorti cette histoire, le «timming» reste en effet à désirer à quelques jours d’un combat aussi important où plusieurs millions de dollars sont en jeux. Il s’agit ici de journalisme sensationnalisme à l’état pur. Pour un journaliste, sortir ce genre d’article à quelques jours d’un événement aussi important est certainement gage de succès. Tous qui s’intéressaient de près ou de loin à la boxe ont voulu savoir ce qui avait été écrit sur Adonis. Ma mère qui ne connaît rien à la boxe et au sport en général a appris à connaître Adonis de cette façon et c’est là le problème. Un athlète international ne mérite pas de se faire détruire psychologiquement de la sorte pour des crimes commis il y a 17 ans et dont il a payé sa dette à la société à quelques jours de son combat le plus important de sa vie. Tous les efforts que cet homme a mis pour s’en sortir, ce n’est pas négligeable pour autant.

Adonis se dit prêt à aider les jeunes qui se sont retrouvé comme lui dans cette situation et oui il devrait en faire autant pour les victimes de ses crimes. Il a un passé et il doit l’assumer et si j’étais lui je m’arrangerais pour engager un meilleur relationniste pour être en mesure d’exprimer clairement mes regrets, ce qui semble avoir beaucoup de misère à exprimer.

Source :
http://www.lapresse.ca/sports/sports-de-combat/201311/25/01-4714284-adonis-stevenson-la-vraie-histoire-de-superman.php