Réflexion critique sur le bien-fondé d’un 3e lien à Québec et, plus largement, sur la pertinence de l’ajout de voies de circulation pour réduire la circulation.
Argument 1 : L’induction du trafic
Peu de chercheurs et chercheuses croient que l’élargissement des voies ou, plus particulièrement, le projet du troisième lien diminueraient le trafic à long terme. En effet, lors de la création ou de l'amélioration d'une infrastructure de transport, cette nouvelle offre de transport crée un nouveau trafic jusqu’à atteindre, à long terme, le même niveau de congestion.
« Les gens qui étudient la question remarquent plutôt que la congestion augmente avec l’ajout de routes. Si vous voulez des exemples concrets du contraire, vous aurez de la difficulté à en trouver. Beaucoup de villes ont fait du progrès dans leurs transports en bloquant des élargissements, des nouvelles voies express. C’est ce que vont vous dire tous les experts. » -- Jean Mercier, professeur agrégé à l’Université Laval.
Argument 2 : Développement du transport en commun
De plus, plus précisément à Québec, ajouter un troisième lien serait contradictoire à ce que la Ville veut instaurer depuis quelques années. En effet, depuis une dizaine d'années, les Villes de Québec et de Lévis travaillent en collaboration pour améliorer leur système de transport en commun le plus possible. Cependant, avec l'élaboration d'un troisième lien, tout le chemin fait n'aura servi à rien. En effet, comme le mentionne Catherine Dorion, les gens préfèrent être dans le confort de leur voiture que d’être dans un autobus rempli de gens. Si l'on commence à prendre l'habitude de faire Québec/Lévis en voiture, rechanger nos habitudes sera difficile. Il serait donc préférable de concentrer nos efforts sur l'établissement de projets qui favorisent le transport en commun comme l'a fait l'Université Laval avec le LPU.
Argument 3 : Phénomène d'étalement urbain
Il est faux de croire que de construire plus de routes va améliorer la fluidité routière et diminuer le trafic. Le phénomène d’étalement urbain est aussi en cause. Ce phénomène consiste en l’éparpillement des activités sur le territoire et une suburbanisation résidentielle. Les routes en place facilitent l’accessibilité à ces endroits plus éloignées des centres-villes. Le choix du lieu de vie des ménages et des entreprises est souvent fait en fonction des infrastructures en place et de l’accessibilité aux lieux. Plus il y a de routes, plus il y a d’étalement urbain. Plus les gens s’éloignent, plus ils utilisent leur véhicule, ce qui augmente la congestion routière.
Endossé par : Laurie-Anne Bédard-Desîlets, Rosalie Bernatchez, Romy Bolduc, Rosemarie Chamberland, Stéphanie Corriveau-Faucher, Mathieu Fournier, Mélissa Gaudreault, Dominique Grenier, Jean Grignon-Francke et Noémie Laliberté.
Références complémentaires :
Entrevue avec Francis Fortin, architecte et expert en design de l'environnement : https://www.facebook.com/contrele3emelien/videos/893147460877702/